21 févr. 2019

Mon avis sur Vice


A la base, on était partis pour voir Green Book. Sauf qu'arriver à 29 pour la séance de 30, ça occasionne pas mal de mauvaises surprises. Par exemple, une salle déjà complète. 

On s'est donc rabattu sur Vice, sans avoir vu la moindre bande annonce ou lu le moindre avis. Les noms de Brad Pitt (à la production) et de Christian Bale (rôle principal) ont convaincus ceux qui n'y croyaient pas. Dont je faisais partie. 

Un film historico-politique, car centré sur des personnes encore vivantes. On parle politique américaine, on parle George W. Bush, on parle Irak et 11 septembre. On parle surtout de Richard "Dick" Cheney, vice président des Etats Unis d'Amérique de 2001 à 2009. On va passer très trèèèès vite sur la transformation physique, certes impressionnante, de Christian Bale qui a abandonné lâchement ses abdos pour un bide à bière tout ce qu'il y a d'américain moyen. Et on va essayer d'avoir un avis cohérent sur ce film qui m'a laissée...perplexe. 

Film ? C'est la question qui se pose. Une voix off, dont l'identité nous est révélée aux trois quarts du film, retrace le parcours d'un des hommes les plus ambitieux de l'histoire de l'Amérique. De multiples petites scènes illustrent les différentes étapes de sa vie ; d'abord comme raté à l'université, puis comme stagiaire en politique à DC, ses premiers pas à la Maison Blanche, le tout parsemé de scènes de sa vie privé d'époux et de père, jusqu'à l'accès à la vice présidence et à son retrait lors de l'élection de Barack Obama. Clairement, j'avais l'impression de regarder un documentaire. Particulièrement prenant certes, mais un documentaire. 

Prenant, oui, et dérangeant. Christian Bale porte le portrait de l'incarnation de ce que je déteste : un homme dont la seule ambition est le pouvoir, le contrôle. Dick Cheney est ici dépeint comme un politicien sans aucune conviction personnelle, sauf celles qui lui feront accéder aux plus de responsabilités. Etant une bille en politique (tout court, alors étrangère vous imaginez bien), je n'ai pas particulièrement saisis les positions et partis qu'il défendait, mais le film nous montre clairement sa manière de penser ces positions. La seule décision qu'il semble avoir prise par réel patriotisme (sens du devoir, conviction personnelle, appelez-ça comme vous voulez), c'est d'envahir l'Irak et de lancer la guerre d'Afghanistan. Des choix coûteux en vies innocentes et plutôt discutables. 
Je suis donc restée plus de deux heures à observer la face cachée du pouvoir américain. Car tout le film se concentre sur la prise de pouvoir subtile et progressive de Cheney, qui devient sous nos yeux plus puissant encore que le président qu'il est censé seconder, manipulant textes et lois à son avantage.

Dernier point que je tiens à aborder même si je ne m'y connais pas du tout, la réalisation. Le film manipule le spectateur avec une subtilité à toute épreuve, et tout ce qui nous semble cousu de fil blanc nous retourne dans tous les sens. Déjà, la scène d'ouverture annonce la couleur : cellule de crise en bunker pendant les attentats du World Trade Center, des militaires qui demandent leurs ordres, des sonneries de téléphone dans tous les sens et le temps qui se fige autour de deux répliques d'un seul homme. 
-Monsieur, le Président est en ligne. 
-Mettez le en attente. 

-Y a-t-il une confirmation présidentielle sur cet ordre ?
-Oui.
En deux phrases, on sait où le film va nous emmener. Les enjeux sont cristallisés, on voit clairement que Cheney va devenir l'homme le plus puissant du monde à un instant T. 
Mais rien après ne se met en place comme prévu ! La première partie nous montre le rêve américain du self made man, qui par amour pour son épouse entravée par sa condition de femme dans les années 80 va se dépasser et jouer des pieds et des mains pour atteindre une position respectable. Un faux générique coupe le film, puis on assiste au réveil de l'instinct de puissance lorsque George W. Bush propose à Cheney la vice présidence. 
Plus le film avance, et plus on reste pétrifié devant l'avidité du personnage. Et quand le générique de fin éclate, au son de West Side Story "I like to be in America", les rires nerveux fusent dans la salle. 

On est pas si mal en France, et vraiment la politique n'est pas faite pour moi. Chapeau à Brad Pitt d'avoir produit un projet aussi ambitieux et controversé. 
Mais bon, à force de nous montrer comment un seul homme peut manipuler toute information qui lui passe entre les mains, on se demande à quel point la vérité a été déformée pour les besoins dramatiques du film. 

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