21 janv. 2019

Chronique : Mage de Bataille, tome 1

Mage de Bataille
Tome 1
Peter A Flannery



Editions Albin Michel Imaginaire
537 p
Trad. Patrice Louinet

L'histoire :

Falco est maigre et chétif depuis son enfance - une maladie pulmonaire l'empêche de se développer correctement. Mais ce n'est pas sa plus grande tare : son père est tristement célèbre pour avoir causé des ravages en devenant fou. Alors que l'armée des Possédés marche sur son village, le jeune garçon se trouve confronté à la méfiance mais doit surmonter ses peurs et revendiquer son statut de fils de noble. 


Mon avis :

Je partais dans cette lecture sans intérêt particulier. On me l'a bien vendu, certes, mais Albin Michel et moi, ça fait quelques temps qu'on n'a plus grand chose à se dire. Sans compter que je pensais être un peu sortie de la fantasy, je cherchais juste un truc chouette et peu prise de tête à lire sans pression. 
Ben mes aïeux ! Si j'avais su...
En résumé, Mage de bataille fait partie de ces livres dont j'ai repoussé la fin tellement c'était bien. Univers, personnages et style s'enchâssent parfaitement autour d'une intrigue très bien menée, je n'avais pas envie que ça s'arrête, jusqu'au dernier tiers que j'ai avalé en une soirée. Déjà, y'a des dragons. Des chouettes dragons. Des dragons un peu stylés. Et ça, c'est cool. Plus sérieusement, trois points à souligner : l'absence de caricature, l'univers et les personnages. 

Un énième roman de fantasy où un jeune héros doit tout apprendre de l'art de se battre alors que le royaume humain est menacé de toutes parts, rien de nouveau sous le soleil. Mais ici, pas de prophétie, pas de garçon de ferme qui devient roi, pas de pouvoir qui surgit ex nihilo. Même pas de vieux maître sage qui joue le rôle à la fois du père et du professeur (et pourtant c'est un cliché que j'adore). Les descriptions elles-mêmes renouvellent complètement le genre ! La partie que je n'aime pas en fantasy, c'est ze big bataille où soudainement le narrateur adopte un point de vue omniscient et décrit tel un manuel de stratégie les différents combats (coucou Tolkien). Trop de testostérone et pas assez d'instinct pour moi. Flannery s'écarte régulièrement du point de vue de Falco, mais pour adopter celui de son entourage proche, il garde une échelle humaine qui empêche le lecteur de sortir de la scène, le garde plongé jusque au cou dans son histoire. Ce style très prenant permet une immersion totale dans un univers où peu d'inégalités subsistent entre les hommes et les femmes et où il n'y a pas de bizutage systématique des jeunes recrues. Encore deux caricatures de moins sur la liste ! 

L'univers construit par Flannery semble très riche et bien détaillé. Pas d'incohérence dans ce premier tome, ni au niveau du système de magie ni à celui des hiérarchies, un tout bien ficelé. C'est pourtant le point qui pêche selon moi : l'auteur reste tellement dans le point de vue de ses personnages qu'on ne sait au final pas grand chose de ce qui se passe autour. Sans premières bases de fantasy, l'ambiance doit être assez hermétique car de nombreux codes sont considérés comme acquis, qu'ils soient sociaux ou lexicaux. Par exemple, le vocabulaire des armes et des armures n'est jamais expliqué ou décrit. 

Enfin, ce qui m'a le plus marqué et le plus plu dans ce roman, ce sont ses personnages. Certes, on identifie rapidement le personnage central, Falco. On repère très vite aussi les personnages importants, son meilleur ami Malaki, l'émissaire de la reine Sir William, l'archère Bryna et ainsi de suite, mais plus le récit avance, et plus on s'intéresse...à tous ! Au lieu d'avoir un héros hauts en couleur entouré de silhouettes vaguement mis en lumière en fonction des scènes, on se retrouve face à un personnage important gravitant entre de nombreux héros et de multiples enjeux. Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler, mais l'histoire aurait pu être écrite autour de beaucoup d'autres personnages selon moi, ce qui la rend d'autant plus riche et intéressante. Ma préférence va pour l'instant à Sir William, même si la jeune Bryna cache je pense beaucoup de potentiel. 

En résumé, ce roman a été un coup de cœur surprise, une très belle découverte dont j'ai hâte de connaître la suite. Albin Michel remonte dans mon estime et je vais aller fouiner dans cette nouvelle page de leur catalogue !

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