24 janv. 2017

Chronique : Le théorème du homard


Comment trouver la femme idéale
Ou
Le théorème du Homard
Graeme Simsion



Traduction d’Odile Demange
Pocket
404p



L’histoire :

Don Tillman est généticien, enseignant chercheur à l’université en Australie. Sa vie est réglée comme du papier à musique, emploi du temps, menu et interactions sociales sont soigneusement étudiés et mesurés. Et un jour, il décide de se lancer dans l’Opération Epouse, à travers un questionnaire étudié pour sélectionner la perle rare, la femme parfaite pour lui. En toute logique, ce questionnaire devrait fonctionner à merveille. Et s’il dit que Rosie, une barmaid fumeuse et végétarienne, ne correspond pas, il n’y a pas de raison de la revoir. Ni de trouver ça agréable. Et pourtant….

 

Mon avis :

 
Le titre sonne roman humoristique facile à lire, la quatrième de couverture histoire sentimentale qui plait à tout le monde, et pourtant… La première chose qui frappe dans ce livre, c’est l’écriture. L’auteur a choisi d’utiliser la première personne et de raconter le point de vue et les pensées de Don. La narration est cependant impersonnelle, avec régulièrement une observation très factuelle de ce qui se déroule dans la vie du personnage et une interprétation mécanique au premier degré des interactions entre les différentes figures. On comprend au fur et à mesure que Don est un Aspic, nom familier donné aux personnes porteuses du syndrome d’Asperger. Ces personnes ont du mal à déchiffrer le caractère humain à cause de leur esprit très scientifique qui analyse avec trop de rigueur pour être sensible au second degré. Et c’est tout ce qui fait le charme de Don. Il est attendrissant de maladresses et d’incompréhensions. Quant à la force du style, elle tient à nous rendre, nous lecteurs, aussi incapables que Don à déchiffrer le monde qui nous entoure.

Après l’écriture craquante de naïveté, les personnages interpellent. Ils sont peu nombreux, à cause du manque de talent évident de Don pour les relations sociales, mais d’autant plus attachants. Il y a Rosie, qu’on n’arrive pas à cerner avant le dernier tiers du roman : d’abord parce qu’elle se cache derrière son statut de barmaid, ensuite parce que les yeux du narrateur nous handicapent ; il y a aussi Gene et Claudia. Au début du roman, on trouve ce couple sympathique ; mais notre rapport à eux évolue avec l’histoire (je suis passée de la vénération totale à la malédiction la plus sincère en l’espace que quelques pages pour l’un d’eux mais chut… pas de spoil !) et leur donne de la profondeur. Toutes ces figures ne vivent bien sûr qu’à travers le regard particulier du personnage principal, Don.

Que dire de lui ? Si je pouvais le comparer, ce serait au Petit Prince, de Saint-Exupéry. La même naïveté et les mêmes erreurs de jugement par excès de confiance. Un petit prince beaucoup plus adulte et plus adapté à notre monde, mais ce côté rêveur et cet aspect désorienté le rendent aussi attachant.


En bref, ce roman a été un coup de cœur. Un titre décalé, un héros sans pareils, une plume parfaitement maîtrisée (saluons au passage la traduction) pour un cocktail détonnant de douceur, de quoi donner le sourire et mettre de bonne humeur !




4 commentaires:

  1. Ah oui, ça donne envie dit comme ça ! Ça illustrera un peu mes cours infirmiers d'une manière ludique ^^

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    1. Fonce le lire alors ! et bon courage dans tes cours !

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  2. Je crois que je suis convaincue... Il prend place dans ma liste de bouquins à lire! :D

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