Chronique : Paranoia

Paranoïa

Melissa Bellevigne

312p

Collection Black Moon

Editions Hachette Livre

L’histoire :

                Lisa est une psychiatre renommée dans son milieu et appelée pour des cas particulièrement difficiles. Comme celui de Judy, vingt ans, enceinte de cinq mois et refusant de s’alimenter ou de parler à qui que ce soit. La spécialiste va essayer de comprendre l’origine de cet enfermement et découvrir une histoire poignante, tout en se laissant atteindre dans sa vie personnelle par cette patiente hors normes.

Mon avis :

                Je reste assez mitigée sur ce livre. J’ai adoré l’écriture à deux voix, l’une centrée sur Lisa, l’impact que les séances avec Judy ont sur sa vie, la manière dont elle ressent son métier de psychiatre (c’est mon côté psychologue à deux balles qui ressort) au quotidien, l’autre sur les évènements qui ont conduit Judy à cette situation. Les deux personnages se ressemblent beaucoup et on ne s’en rend compte qu’au fur et à mesure du roman, elles ont toutes les deux une blessure profonde qui les empêchent de s’épanouir, et vont trouver en l’autre un remède. J’ai beaucoup aimé ce développement car Melissa Bellevigne ne s’étend pas en considérations psychologiques mais montre tout simplement l’évolution de ses personnages à travers leurs faits et gestes. En bref, elle écrit bien.

                Le roman se lit très facilement, le style est agréable et facile, assez direct par moments mais sans être désagréable. Les deux histoires (celle de Judy et celle de Lisa) sont très bien menées, plutôt bien ficelées, très plausibles surtout. On passe un très bon moment de lecture et on est tenu en haleine. Chaque chapitre nous enfonce un peu plus dans les intrigues des personnages, on finit par avoir besoin de connaître la suite.

                Alors pourquoi un avis mitigé ? Pour la fin (je ne spoilerai pas). Je l’ai trouvé particulièrement décevante, surtout après toute la tension amenée par le reste du roman. Tout est tellement bien qu’on s’attend à un feu d’artifice, une explosion, une action finale qui nous coupe le souffle, un truc de dingue quoi ! Et en fait… l’action qui vient dénouer le récit concerne Judy, mais nous est présentée sous le point de vue de Lisa donc de manière très détachée et incomplète. Lisa se désintéresse assez rapidement de ce qui intéresse absolument le lecteur pour se concentrer sur une petite partie de ce final, nous privant de beaucoup de détails. Et l’auteur nous laisse sur une fin ouverte, elle ne fait que suggérer le dénouement, sans donner d’indices suffisants pour établir une certitude. Disons que les fins ouvertes et moi... c'est un peu compliqué comme relation!! (Ah bah non en fait, c'est juste que je n'aime pas ça)

                Si la lecture du roman a été agréable et m’a tenue en haleine, la fin m’a beaucoup déçue. Je trouve aussi le titre mal trouvé, à aucuns moments on ne peut vraiment dire que Judy souffre de paranoïa, c’est plutôt de la schizophrénie, du dédoublement de la personnalité et des hallucinations.

Pourquoi le lire ?

               

                Pour découvrir la plume surprenante et agréable d’un premier roman, pour plonger dans un récit fantastique où la limite entre réel et irréel est floutée, pour appréhender le traumatisme sous un point de vue inédit. Pas avant 15 ans selon moi.