15 mars 2016

Chronique: Lettres Ecarlates

Meg Corbyn, t. 1 : Lettres écarlates
Anne Bishop

Traduction de Sophie Barthélémy
Editions Bragelonne
Collection Milady, « Bit-Lit »
Poche
644p


L’histoire :
Dans une autre dimension, la terre est partagée entre les humains et les Autres, des métamorphes, vampires et autres créatures du même acabit. Une sorte de cohabitation s’est établie, les Autres sont bien supérieurs aux humains et les considèrent comme de la nourriture. Mais ceux-ci leur apportent des technologies qu’ils n’auraient pas imaginées. En Amérique, renommée Thaisia, les Autres louent des terres aux humains pour qu’ils créent des villes, où les Autres, pour vérifier qu’ils remplissent bien les termes des contrats, s’implantent dans des Enclos, sortes de réserves dispensées des lois humaines (grosso modo celui qui a les plus grandes dents a raison). L’histoire a lieu à Thaisia, dans la ville de Lakeside. Un soir d’hiver, Meg Corbyn se réfugie dans l’Enclos où elle se fait embaucher comme agent de liaison : elle s’occupe des relations entre l’Enclos et l’extérieur. Mais Meg n’est pas une humaine standard, elle est une Cassandra Sangue, c’est-à-dire que quand elle se coupe jusqu’au sang elle émet des prophéties, et elle s’est enfuie de l’institution qui exploitait ce don. Elle est accueillie dans l’Enclos par Simon Wolfgard, le Loup chef de l’Enclos, et s’intègre peu à peu parmi les métamorphes et les vampires.
Mais on la recherche…




Mon avis :
J’ai beaucoup aimé l’imagination débordante dont fait preuve Anne Bishop dans ce premier tome. Les personnages sont solides, bien construits et vraisemblables, le scénario repose sur des détails bien mis en place et l’univers fonctionne parfaitement. C’est ce dernier point qui m’a particulièrement conquise. Il y a une telle rigueur dans la manière de tout imaginer qu’on (ma sœur et moi) se laisse complètement absorber par le livre. Le fonctionnement entre les Autres et les humains est remarquable, pour une fois on n’a vraiment pas affaire à des loups garous bisounours mais à des mangeurs d’hommes, ce qui coupe court à toute potentialité de niaiserie et permet aussi de nouer un certain nombre de sous intrigues et de problèmes politiques qui tout en compliquant l’histoire rendent l’univers encore plus crédible. L’organisation au sein même de l’Enclos, entre les différentes espèces d’Autres, est aussi travaillée et la traductrice a fait le bon choix de conserver les termes anglophones qui désignent chaque type de métamorphe.
Les caractères des Autres sont fascinants de complexité puisque même sous leur forme humaine ils conservent beaucoup de caractéristiques de leur équivalent animal et ne sont pas à l’aise dans cette enveloppe corporelle.
L’écriture est simple, assez classique pour un roman de fantasy mais la traduction reste efficace, ce qui permet de le lire d’une traite et de plonger dans l’histoire sans difficulté. Les personnages sont attachants, j’ai particulièrement apprécié Tess dans ce premier tome, ainsi qu’Henry qui a à la fois la férocité et la bonhommie de sa forme animale. L’ajout des Elémentaires aux Autres m’a un peu surprise : il n’y a pas que des vampires et des loups garous mais aussi des créatures des saisons, des éléments, et des poneys magiques responsables de catastrophes naturelles… Des détails surprenants qui créent des personnages attachants et impressionnants en même temps.
Seul gros bémol à mon avis : le principe de la prophétesse de sang. On a beau se dire que non, Meg n’est pas vraiment humaine ; que oui, c’est de la littérature de l’imaginaire et c’est une fiction ; il y a quelque chose de malsain dans ce fonctionnement proche de l’auto mutilation. Meg est en effet quasiment dépendante du plaisir qu’elle éprouve en se coupant, aussi il est nécessaire d’avoir du discernement sur ce sujet morbide.

Pourquoi le lire ?

Parce que l’intrigue principale n’est PAS une histoire d’amour, que Tess est de loin un des personnages les plus stylés de la littérature de l’imaginaire, que les loups ne sont ni garous ni bisounours et que les vampires font vraiment flipper. 

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